Les particules : un danger avéré pour notre santé
L’équipe du projet NanObs (pour la création d’un Observatoire des Nanoparticules dans la région parisienne), portée par Yann Sivry de l’Institut de Physique du Globe de Paris, participe activement à Ecorc’Air depuis 2016, projet à l’initiative de Claire Carvallo (SU), Christine Franke (MinesParis-PSL), Aude Isambert (IPGP) et Laure Turcati (SU). Ce dispositif de science participative propose à des volontaires de collecter des écorces de platanes dans les rues de leur choix, ces dernières sont ensuite analysées en laboratoire afin de dresser une carte de la pollution atmosphérique. L’objectif à terme : identifier, à travers une cartographie de l’exposition aux particules (ultra)fines métalliques, comment réduire la pollution d’origine véhiculaire en ville et ainsi diminuer les risques sur la santé humaine.
Les particules fines représentent un grand danger car elles sont facilement absorbées par le corps humain et provoquent de graves problèmes de santé tels que les maladies cardiovasculaires et respiratoires. En France, la pollution par les particules serait responsable de 48 000 décès prématurés par an. Le rapport publié en 2019 par l’ANSES montre que les effets nocifs sur la santé humaine sont principalement causés par la suie, le carbone organique et les particules ultrafines.
Quantifier les particules pour suivre la pollution de l’air
Ces dernières années, il est apparu essentiel de quantifier les particules (ultra)fines métalliques pour la surveillance de la pollution atmosphérique anthropique. La mesure de ces particules permet de produire des cartes afin de suivre la pollution de l’air dans les villes. L’utilisation et la collecte de capteurs passifs (feuilles d’arbres, écorces, lichens et mousses, qui sont largement disponibles dans les villes) permettent un échantillonnage à hauteur respiratoire et fournissent un enregistrement d’informations précises pour les scientifiques.
Le projet Ecorc’ Air a pour autre particularité de faire appel aux volontaires qui souhaitent contribuer à la production de connaissances scientifiques. En plus de ces personnes engagées, d’autres acteurs administratifs, institutionnels et associatifs sont impliqués tels que la Mairie de Paris, le réseau des « Volontaires de Paris », les membres de l’association « Respirons mieux dans le 20ème » mais aussi les étudiants et étudiantes de plusieurs universités et des élèves de l’école primaire jusqu’au lycée.
Plusieurs zones de collecte pour des résultats pointus sur le long terme
Afin de produire des cartes de concentration en particules (ultra)fines métalliques, des méthodes d’analyses magnétiques sont utilisées et de nombreux échantillons ont été collectés dans plusieurs zones de Paris, depuis l’année 2020 et envoyés par les volontaires à l’IPGP. Grâce aux séries de mesures temporelles, il a déjà été identifié très nettement des zones problématiques récurrentes principalement le long des grands axes de circulation. A l’opposé, les quelques valeurs mesurées dans les parcs et espaces verts sont relativement faibles. Pour approfondir ces résultats, plusieurs mesures ont été effectuées le long des voies Pompidou où il s’avère que des variations ont été observées lorsque les voies de circulation furent réduites. Ainsi, ce type d’échantillonnage prouve qu’il peut aider à mesurer les effets des changements locaux (modification des voies, restriction de circulation, travaux de voierie) en matière d’urbanisme. Il peut également être utilisé dans des communes qui ne sont pas équipées de dispositifs de mesure de pollution aux particules (ultra)fines métalliques.
Les prochaines étapes : améliorer la collecte et la rapidité des résultats
Afin de réduire le temps d’analyse des échantillons, deux pistes sont actuellement à l’étude. La première est la mise à disposition d’une application smartphone qui géolocalise la collecte des échantillons en temps réel. Cette application permet aux volontaires d’identifier les zones faiblement échantillonnées. Une autre piste explorée est la mise en ligne d’une carte interactive qui permettrait de visualiser les résultats plus rapidement. Enfin, l’achat de susceptibilimètres portables pour les groupes d’associations, de collectivités ou d’écoles est aussi à l’étude afin que les volontaires puissent participer aux mesures en temps réel sur le terrain.