Dépistage et prise en charge du diabète de type 1 préclinique : étude pilote
Quel est le contexte général qui a donné naissance à ce projet ?
Le Diabète de Type 1 (DT1) peut aujourd’hui être détecté à un stade précoce, avant l’hyperglycémie, par le dépistage des auto-anticorps anti-îlots de Langerhans. La maladie évolue selon plusieurs stades précliniques, pendant lesquels des interventions peuvent désormais être proposées. Celles-ci ont pour but de retarder l’apparition puis la progression clinique du DT1, en évitant la révélation brutale du DT1 par une acidocétose et en préservant aussi longtemps que possible une sécrétion d’insuline endogène. Plusieurs traitements sont en cours de développement pour préserver l’insulinosécrétion lorsqu’ils sont administrés à ces stades précliniques, dont une première immunothérapie, le teplizumab, qui est à ce jour disponible en France en accès compassionnel. L’équipe des porteurs du projet a coordonné pendant 8 ans en Ile de France l’implémentation du programme expérimental européen INNODIA de dépistage du DT1 préclinique, en lien avec les services de diabétologie de la région. Ce programme évoluera en 2025 vers un nouveau protocole offrant à l’équipe des demandeurs un cadre réglementaire européen et les moyens pour offrir un dépistage à quelques dizaines de personnes par an dans le contexte de la recherche clinique.
En quoi consiste votre projet ?
Le présent projet se propose de réaliser une étude pilote à plus large échelle sur l’intégration du dépistage dans les parcours de soins de routine. Conformément à une prise de position récente des sociétés de diabétologie (SFD, SFEDP) et des associations de patients (AJD, FFD) (PMID 39675522), le dépistage sera d’abord proposé aux apparentés au premier degré de patients vivant avec un DT1, car ces derniers présentent un risque accru de DT1. L’objectif est de réaliser une étude pilote en Ile de France dont le retour d’expérience pourra contribuer au projet de généralisation du dépistage à l’échelle nationale. Sur le plan technique, l’équipe a déjà obtenu un financement DIM-ITAC pour l’achat d’un automate capable de réaliser le dosage des auto-anticorps à haut débit à partir d’échantillons sanguins sur papier buvard autoprélevés au domicile et envoyés par la poste.
En quoi est-ce innovant ?
A ce jour, il n’existe pas de parcours de dépistage et prise en charge du DT1 préclinique à l’échelle nationale, notamment car l’accès au dépistage reste limité et passe par une visite à l’hôpital. Plusieurs pays européens ont cependant déjà démarré de tels programmes nationaux. En France, l’intégration de nouveaux codes diagnostiques CIM-10 pour le DT1 préclinique (E10.A1/A2) suggère que sa prise en charge après un dépistage positif pourrait à terme être remboursée par l’Assurance Maladie. L’accès au dépistage reste donc l’écueil à surmonter, ce qui est l’objet de ce programme pilote. Le développement d’un tel programme pourrait permettre à moyen terme de changer l’histoire naturelle du DT1 grâce à une prise en charge plus précoce, et de donner l’opportunité aux personnes dépistées de bénéficier de nouveaux traitements immunomodulateurs et protecteurs des cellules bêta, d’ores et déjà disponibles en accès compassionnel ou en essai clinique.
Quel peut-être l’impact d’un tel projet sur notre santé et celle de nos proches ?
Le mode de dépistage proposé via échantillons capillaires sur papier buvard auto-prélevés à domicile limitera la nécessité de prendre en charge les apparentés à l’hôpital. Seuls les patients nécessitant un suivi seront vus à l’hôpital, réduisant ainsi les contraintes logistiques et les coûts pour les personnes dépistées. Les données recueillies au cours de cette étude seront analysées afin de construire un nouveau parcours de soins, en collaboration avec la direction de la Transformation de l’APHP. Le retour d’expérience issu de ce pilote contribuera à sa mise en place en région parisienne puis aux discussions au niveau national. En pratique, ce projet permettra à long terme de sensibiliser le grand public au dépistage du DT1, de rassembler des éléments de faisabilité pour discuter des options de remboursement avec l’Assurance Maladie, et d’envisager dans le futur d’élargir le dépistage à la population générale, comme c’est déjà le cas dans d’autres pays européens.
Quels sont les bénéfices à court/moyen/long terme sur la (les) population(s) ciblée(s) ?
Les principaux bénéfices attendus de cette prise en charge anticipés sont :
1) la réduction des acidocétoses inaugurales (plus de la moitié des découvertes de DT1 à l’heure actuelle en France, contre moins de 4% suite à un diagnostic précoce par dépistage) ;
2) une meilleure préparation à la gestion de la maladie grâce à une prise en charge progressive et ambulatoire, en dehors de l’urgence, sans recours à l’hospitalisation ;
3) un délai prolongé avant la mise sous insuline grâce aux nouvelles thérapies en cours de déploiement ;
4) une préservation de la sécrétion d’insuline à long terme, améliorant ainsi le contrôle glycémique une fois la maladie clinique déclarée et diminuant le risque de complications du DT1.
À propos de Sauver la Vie
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