Ce projet, à la croisée de la neurologie, de la psychologie et de la médecine ORL, vise à mieux comprendre les mécanismes cérébraux impliqués dans les troubles olfactifs et à développer des outils de diagnostic et de rééducation innovants pour les personnes touchées. L’anosmie peut avoir des causes multiples – virales, traumatiques ou neurologiques – et affecte profondément la qualité de vie, l’alimentation, les interactions sociales et la santé mentale. Depuis la pandémie de COVID-19, cette pathologie longtemps négligée est sortie de l’ombre, révélant son ampleur et ses conséquences.
Le rôle des neurosciences dans la recherche sur l’anosmie
Les neurosciences apportent aujourd’hui un éclairage déterminant dans la compréhension de la perte d’odorat, en permettant d’explorer les circuits cérébraux impliqués dans la perception olfactive. Grâce à l’imagerie cérébrale (IRM fonctionnelle, EEG, etc.), les chercheurs peuvent visualiser l’activité des zones du cerveau liées à l’odorat, comme le bulbe olfactif, le cortex orbitofrontal ou l’amygdale, et détecter les altérations qui surviennent après un traumatisme crânien, une infection virale ou une atteinte neurologique. Ces avancées permettent non seulement d’établir des diagnostics plus précis, mais aussi d’envisager des protocoles de rééducation personnalisés, fondés sur la plasticité cérébrale — cette capacité du cerveau à se réorganiser et à compenser les fonctions perdues. En croisant données neurobiologiques et évaluations cognitives, les neurosciences offrent ainsi une nouvelle voie de traitement pour des patients longtemps laissés sans solution, transformant une problématique sensorielle invisible en enjeu médical pleinement reconnu.
L’impact possible des implants cérébraux chez les patients
La recherche sur les implants cérébraux olfactifs ouvre une perspective prometteuse pour restaurer, au moins en partie, la perception des odeurs chez les personnes atteintes d’anosmie sévère ou irréversible. Ces dispositifs visent à stimuler directement les zones du cerveau impliquées dans le traitement des signaux olfactifs, notamment le cortex olfactif ou le cortex orbitofrontal, en contournant les voies sensorielles endommagées, comme le nerf olfactif ou le bulbe olfactif. Inspirée des progrès réalisés dans les implants cochléaires pour l’audition, cette approche repose sur une connaissance fine des circuits neuronaux olfactifs, rendue possible par les avancées en neurosciences et en neuro technologies. Bien qu’encore expérimentale, cette piste pourrait à terme offrir une solution innovante pour les patients anosmiques dont les lésions sont trop profondes pour une récupération naturelle, en transformant des signaux électriques codés en sensations olfactives perçues par le cerveau. Elle illustre le potentiel des interfaces cerveau-machine à ouvrir de nouveaux horizons thérapeutiques pour les déficits sensoriels encore sans réponse médicale satisfaisante.
Un mécène engagé pour faire progresser une science au service de tous
Le soutien de la Fondation des Gueules Cassées, historiquement engagée en faveur des blessés de la face et de la tête, résonne tout particulièrement avec cette recherche : les traumatismes crâniens sont l’une des principales causes d’anosmie durable, et les patients concernés peinent encore à obtenir une reconnaissance et une prise en charge adaptée.
L’objet de la recherche du dossier 8-2025 a été sélectionné par le comité scientifique car il présente un réel intérêt pour l’innovation thérapeutique de la sphère cranio maxillo- faciale. Il répond au thème de l’appel à projet 2025 de la Fondation des Gueules Cassées, en ayant comme but ultime la restauration de l’olfaction chez des patients au-delà de toute ressources thérapeutiques. Isabelle Bidault
La Fondation Université Paris Cité remercie chaleureusement la Fondation des Gueules Cassées pour sa confiance et son engagement. Ensemble, nous faisons progresser une science au service de tous, attentive aux blessures invisibles mais profondément handicapantes.
À propos de la Fondation des Gueules Cassées
Héritière de l'Union des Blessés de la Face et de la Tête, association de mutilés de guerre, créée en 1921, plus connue sous le vocable historique des « Gueules Cassées », la Fondation a pour vocation statutaire le soutien financier aux institutions et entreprises de toute nature s'intéressant en priorité aux traumatismes et aux pathologies crânio-faciales et à leurs séquelles. Par la voie du mécénat et avec l’appui d'un Comité scientifique composé statutairement de 15 médecins et chirurgiens éminents, elle a pour ambition d’aider la recherche. C’est ainsi que, depuis 2002, la Fondation a versé des Aides Financière Individuelles via des contrats pour des Chercheurs/ Doctorants et des Aides financières pour des Projets, soutenant ainsi plus de 710 dossiers de recherches et 147 grands projets, pour un montant global de plus de 32 millions d’euros.