Rencontre avec le Pr Eric Tartour
Éric Tartour est professeur d’immunologie à l’Université Paris Cité et chef du département d’immunologie des hôpitaux Georges-Pompidou et Necker. Formé à l’Institut Curie, il conduit des recherches pionnières sur l’immunothérapie des cancers et dirige une équipe Inserm dédiée aux biomarqueurs prédictifs et aux vaccins antitumoraux. Responsable de formations de référence en immunologie et membre de nombreux comités scientifiques nationaux et internationaux, il a contribué à former une génération de chercheurs. Régulièrement invité dans les congrès les plus prestigieux, il est aujourd’hui reconnu comme l’un des experts français majeurs de l’immuno-oncologie.
Ne plus attendre que le cancer revienne
Jusqu’à 30 % des patients voient leur cancer revenir, parfois des années après une rémission que l’on croyait acquise. Cette récidive est souvent invisible, et s’installe avant même que les symptômes ne reviennent. Pour les malades, c’est l’insécurité permanente, la crainte du moindre signal.
C’est un fardeau économique qui dépasse les 21 milliards d’euros chaque année, dont une part croissante est liée aux traitements lourds, aux hospitalisations répétées et aux arrêts de travail prolongés, mais aussi aux impacts sur l’activité professionnelle et la santé mentale.
Aujourd’hui, des chercheurs français développent des technologies capables de détecter dans le sang des traces infimes de rechute, bien avant l’imagerie ou l’apparition des premiers symptômes.
L’enjeu est immense : empêcher le retour de la maladie, améliorer la qualité de vie des patients et de leurs familles, désengorger le système de soin, éviter l’escalade thérapeutique. À terme, c’est une médecine proactive, prédictive et personnalisée qui pourrait émerger.