Rencontre avec le Pr Alexandre Loupy
Néphrologue et professeur de santé publique à l’Université Paris Cité, Alexandre Loupy exerce son activité à l’Hôpital Necker et à l’Hôpital Européen Georges Pompidou. Reconnu comme l’un des pionniers mondiaux de la transplantation, ses travaux sur le rejet de greffe ont profondément modifié la classification internationale du rejet, aujourd’hui référence clinique. Fondateur du Paris Transplant Group, il est lauréat de plus de dix distinctions internationales, dont le Prix de la Société Américaine de Transplantation en 2017 et du Prix de l’Académie nationale de médecine en 2018, et le Prix Innovation de l’Inserm en 2023. Ses recherches, régulièrement publiées dans les plus grandes revues médicales, allient médecine, biostatistiques et intelligence artificielle.
Une nouvelle ère pour la transplantation
Chaque année, près d’un million de vies pourraient être sauvées si la transplantation rénale atteignait son plein potentiel. En France, seules 6 000 greffes de rein sont réalisées, laissant des milliers de patients dans l’attente, parfois pendant des années. Pour beaucoup, recevoir un organe est une victoire, mais aussi le début d’un combat.
Pour les patients, la greffe est une épreuve physique et psychologique ; pour les systèmes de santé, un coût de plusieurs milliards d’euros chaque année. Médicaments lourds, hospitalisations répétées, complications à long terme : la transplantation actuelle sauve, mais elle demeure fragile, coûteuse et insuffisante face à l’urgence mondiale.
À la pointe de la recherche mondiale, l’équipe du Pr Alexandre Loupy développe des outils d’intelligence artificielle capables de prédire le rejet et la perte du greffon. Anticiper, c’est donner la possibilité aux médecins d’adapter les traitements avant que le danger n’apparaisse et de prolonger durablement la vie des organes transplantés.
Ces avancées dépassent le seul champ du rein. Grâce à l’identification de biomarqueurs innovants, parfois détectables par une simple prise de sang, elles annoncent un suivi plus précis et moins invasif pour toutes les greffes ; qu’il s’agisse du rein, du cœur ou du poumon. Demain, la transplantation pourra réduire le nombre de rejets, éviter des milliers d’hospitalisations inutiles et offrir aux patients une vie plus longue et de meilleure qualité.