Moodeling est un projet d’application développé au sein du GHU Paris Psychiatrie et Neurosciences. Cet outil innovant permet de collecter quotidiennement des données liées à l’humeur des patients, aux événements de vie susceptibles de l’influencer, mais aussi à ses conséquences sur la motivation et la prise de décision. L’objectif de ce projet est de pouvoir valider ce modèle en vie réelle et sa pertinence clinique.
Fabien Vinckier est Professeur des universités et praticien hospitalier (PU-PH) à Université Paris Cité / GHU Paris Psychiatrie et Neurosciences (site de Sainte-Anne). Il exerce au sein du Pôle hospitalo-universitaire Psychiatrie Paris 15 dans un service spécialisé dans la dépression et la schizophrénie résistantes aux traitements. En tant que chercheur, il combine la modélisation informatique, les neurosciences cognitives et la psychopharmacologie pour mieux comprendre la physiopathologie cognitive des troubles psychiatriques.
Le trouble bipolaire est une maladie fréquente (1 à 4% de la population), qui se caractérise par l’alternance d’épisodes de dépression et de phases dites maniaques (euphorie ou colère, augmentation de l’énergie et diminution des besoins de sommeil, conduites à risque), avec entre les épisodes des phases sans symptôme. Elle est associée à une grande souffrance et souvent à un lourd handicap significatif.
L’IRM fonctionnelle (un outil performant pour évaluer les états de conscience) a montré que l’humeur était encodée dans l’activité de repos de deux régions du cerveau. Cependant, dans ces travaux préliminaires, l’échelle de temps étudiée était très courte, quelques dizaines de minutes, comparée aux fluctuations quotidiennes qui évoluent sur quelques jours ou semaines. Leur amplitude était également minimale comparée à des fluctuations normales ou pathologiques.
Moodeling s’intègre dans une perspective plus large visant à faire la jonction entre les fluctuations normales de l’humeur et les fluctuations pathologiques en opérant un triple changement d’échelle : en termes de nombre de participants, de constante de temps et d’amplitude. Plus spécifiquement, il s’agit de déterminer (1) si les mêmes principes mathématiques peuvent rendre compte de fluctuations de l’humeur à des échelles de temps très différentes (2) si l’approche neuro-computationnelle des fluctuations de l’humeur et de leur impact sur la décision permet de discriminer différents types de troubles de l’humeur, et de prédire leur évolution clinique (3) si les activités de base des zones du cerveau reflètent également des fluctuations à une échelle plus longue, de même que les variations dans la prise de décision.
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